Je suis toujours surpris de l'emploi du mot "déficit" quand on parle d'une piscine. Comme si c'était évident et naturel. Les mots ont parfois une grande importance dans les logiques de raisonnement et dans ce cas les piscines ne sont pas plus déficitaires que les espaces verts, la voirie, les écoles, les bibliothèques, les théâtres...
Pour faire court "le déficit" c'est un déséquilibre final entre les recettes et les dépenses. Les recettes ne couvrant pas les dépenses.
Dans le cas d'un établissement public comme le théâtre personne ne s'émeut du coût par place de spectacle restant à charge de la collectivité, là tout le monde parle naturellement du coût social d'accès à la culture.Il serait souhaitable que l'on emploi les mêmes mots pour l'un et pour l'autre.
Les sociétés privées ont compris ce discours et elles le vendent, elles font même des bénéfices (c'est obligatoire loi de 1966) , alors une piscine est-elle automatiquement déficitaire ? NON. Sinon les sociétés privées ne pourraient pas exister.
le principe est simple :
Elles étudient le coût de fonctionnement de l'établissement (à l'heure ou à l'utilisateur) puis chaque utilisateur va payer l'utilisation de la piscine. Personne n'entre gratuitement, tout le monde paye. En général les écoles primaires par la commune, les collèges par le Conseil général, les lycées par le conseil régional.... Et si la commune souhaite des mesures sociales, comme une diminution du prix d'entrée pour les jeunes ou les étudiants, ou encore diminuer le prix d'entrée global la société facture cette prestation à la commune. Le mouvement associatif est un client comme les autres, soit il paye, soit c'est la commune qui paye.
Ainsi dans les recettes prévisionnelles, les fonds publics apparaissent bien sous forme de prestation de services, c'est le "coût social", voté en conseil municipal, par les élus et là personne ne trouve à redire.
Au delà des mots il est important de connaître ce mécanisme, les sociétés privés exploitent cette dialectique, elles rappellent aux collectivités les obligations de service public et à la différence d'une gestion entièrement publique, elles assurent que le budget sera tenu et en prend la responsabilité. Mais dans ce cas, le moindre écart de la part de la collectivité est automatiquement payé par celle-ci. Si le club demande des heures supplémentaires, la société facturera ces heures (au tarif commercial), c'est à multipliées par un coefficient de rentabilité en fonction du créneau horaire.
Effectivement, les sociétés privées ne sont pas déficitaires, mais à quel prix. Qui paye ? l'usager, le contribuable... et indirectement le tissu social.
Et je n'aborde pas le problème des sociétés qui pour obtenir le marché cassent les tarifs ne peuvent pas s'en sortir et ne tiennent pas les promesses. Elles donnent entre autres choix, le dépôt de bilan donc la reprise de la gestion par la collectivité ou l'augmentation des tarifs. Il existe des gestions privées qui sont redevenues publiques.
Pour résumer, une piscine à un "coût social" comme tout service public, ce coût est d'autant plus élevé que la part sociale et éducative est importante.
"Le déficit" c'est le déséquilibre d'exploitation entre les recettes (fond public compris) et les dépenses.
Patrick