L'olympisme : historique et mixité |
1896
: Athènes est toute désignée pour accueillir les premiers
Jeux olympiques de l’ère moderne, mais ces premiers Jeux n’accueilleront
pas de femmes.
1900 : les Jeux de la IIe olympiade sont organisés à Paris, en reconnaissance du rôle joué par Pierre de Coubertin qui a bien du mal à convaincre de l’intérêt de son initiative. En fait, les Jeux sont une attraction de l’exposition universelle. Des femmes participent pour la première fois aux JO, en tennis et en golf (qui ne figurera que jusqu’en 1904) seulement. La première femme championne olympique est l’Anglaise C. Cooper qui bat la française Hélène Prévost (également médaille d’argent dans le double mixte) en tennis. 1904 : les Jeux partent à la conquête du Nouveau Monde à Saint-Louis. 11 jours de bateau sont nécessaires aux européens pour atteindre l’Amérique, 40 heures de train pour rejoindre le Missouri. 13 nations seulement prendront part à ces Jeux qui ressemblent plus à une foire aux muscles qu’à une compétition sportive. 1908 : les Jeux olympiques, encore fragiles, reviennent en Europe, à Londres. La tradition sportive anglaise donne aux Jeux olympiques leur véritable dimension. On assiste au premier défilé officiel dans le stade (de 70.000 places) avec plus de 2.000 athlètes.Si la domination américaine continue, on retiendra surtout de ces Jeux l’entrée officielle des femmes (36, mais aucune française), mais seulement dans des sports "élégants". 1912 : les Jeux de la Ve olympiade sont célébrés à Stockholm. Les cinq continents sont présents. On assiste à l’apparition des concours d’art : architecture, sculpture, musique, peinture, littérature. Pour la première fois, les femmes concourent en natation et en plongeon. Jean Bouin mène de bout en bout le 5.000 m, mais il est battu sur le fil par le Finlandais Hannes Kolehmainen qui gagne également le 10.000 m. La délégation française est composée de 112 participants dont une femme : Marguerite Broquedis… qui remporte le tournoi de tennis et devient ainsi la première Française championne olympique. 1920 : Anvers accueille les Jeux de la VIIe olympiade. L’Allemagne et l’Autriche sont écartées des Jeux par les organisateurs. Pour la première fois est hissé sur le stade le drapeau olympique avec les cinq anneaux. Pour la première fois également est prêté le serment olympique. Le Finlandais Paavo Nurmi gagne le cross et le 10.000 m, mais il sera battu sur 5.000 m par le Français Joseph Guillemot. L’héroïne féminine de ces Jeux est indiscutablement Suzanne Lenglen, double championne olympique de tennis, en simple et en double mixte, et qui remporte une médaille de bronze en double avec Elizabeth d’Ayen. 1924 : Paris accueille de nouveau les Jeux olympiques. Ces jeux sont une fête, le Tout-Paris est présent à Colombes. Les concours d’art sont à leur apogée, la France y gagnera la première place au classement général des nations, Géo Charles l’emportera sur Henry de Montherlant en littérature. Johnny Weissmuller, futur Tarzan à l’écran, remporte le 100 m en natation (idem en 1928) et le 400 m. Nurmi remporte cinq titres : 1.500 m, 5.000 m, cross individuel et par équipes, 3.000 m par équipes. Charles Rigoulot et Edmond Decottignies ajoutent deux médailles d’or au palmarès de l’haltérophilie française. L’équipe de France de water-polo est championne olympique, et Julie Vlasto apporte une nouvelle médaille (argent) au palmarès français du tennis (le tennis qui disparaît ensuite du programme des Jeux où il ne reviendra qu’après l’abandon des règles sur l’amateurisme). 1924 marque l’apparition des Jeux d’hiver dont les premiers sont célébrés à Chamonix. Les femmes participent aux épreuves de patinage. L’autrichienne Herma von Szabo-Planck remporte l’épreuve, elle est "la femme" de ces Jeux auxquels participe une certaine Sonja Henie (à l’âge de 11 ans et demi). En couples, Andrée Joly ("la Française" de ces Jeux de 1924) et Pierre Brunet y seront les premiers médaillés français (bronze). 1928 : les Jeux de la IXe olympiade sont célébrés à Amsterdam. Avec 2.884 athlètes pour 46 CNO, ils marquent le retour de l’Allemagne aux Jeux et on y sent poindre les nationalismes. Pour la première fois, la flamme est allumée dans une vasque pour la durée des Jeux. L’athlétisme et la gymnastique viennent rejoindre la natation au programme féminin des Jeux et on peut désormais parler de la participation des femmes (290 femmes dont 32 françaises) aux JO (la Canadienne Ethel Catherwood remporte le saut en hauteur… et le titre de reine de beauté des Jeux). Jules Ladoumègue remporte l’argent sur 1.500 m. El Ouafi remporte le marathon. Lucien Gaudin est enfin champion olympique à 42 ans, 22 ans après son titre de champion du monde au fleuret. Les Jeux d’hiver ont lieu en Suisse, à Saint-Moritz. Pour le couple Joly-Brunet, cette fois, c’est l’or. Une petite Norvégienne de 15 ans, une "fée de la glace" est (pour la première fois) championne olympique en patinage artistique : Sonja Henie. 1932 : les Jeux repartent en Amérique, à Los Angeles. Les Américains apportent leur sens de la mise en scène (les médailles seront désormais remises sur un podium) et leur technologie (apparition du son dans le stade, utilisation d’un chronomètre au 1/10e de seconde). Ils mettent en valeur des disciplines en fonction de leur goût du spectacle : tumbling, dressage (remporté par Xavier Lesage). Nurmi et Ladoumègue sont présents au Coliseum, mais dans le public. Ils sont en effet exclus pour faits de professionnalisme. Ces Jeux souffrent à nouveau d’une moindre participation, mais, même faible, la présence du sport féminin est remarquée. Raymond Suvigny, René Duverger et Louis Hostin ajoutent ensemble leurs noms à la liste des vainqueurs olympiques français en haltérophilie. Aux Jeux d’hiver de Lake Placid (également aux Etats-Unis), le couple Joly-Brunet l’est devenu aussi dans la vie et il fête son union en remportant à nouveau une médaille d’or au patinage artistique sous le nom Brunet-Brunet. Pendant vingt encore, ils resteront les seuls médaillés français en sports de glace. A presque 20 ans, Sonja Henie émerveille une nouvelle fois le public, la fée devient déesse. 1936 : l’idéal olympique est au service de l’idéal nazi à Berlin. Le 1er août 1936, la flamme, transportée d’Olympie par 3.000 relayeurs, arrive dans le "plus grand stade du monde", pour une cérémonie grandiose. Tout "commence bien", les Allemands remportent des victoires dans les disciplines de force. Le faste sert bien le régime lorsque l’esprit olympique se manifeste. Jesse Owens gagne le 100 m, l’homme le plus vite de son temps est Noir. Il remportera également le 200 m, le 4x100 m et la longueur ! L’Américain inflige un cinglant camouflet aux thèses d’Hitler. Le ski alpin fait son apparition aux Jeux d’hiver également organisés en Allemagne, à Garmisch-Partenkirchen, où l’étoile des Jeux est… Sonja Henie, qui ajoute un troisième titre olympique à son palmarès (qui compte aussi dix titres mondiaux). 1948 : Londres accueille à nouveau les Jeux. C’est encore l’Angleterre qui redonne aux Jeux leur souffle. 82.000 spectateurs accueillent 4.092 athlètes (dont 385 femmes), représentant 59 CNO (la délégation américaine comprend 400 personnes). Un lâcher de 7.000 pigeons témoigne de l’espoir de paix. La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen est l’héroïne des Jeux avec quatre médailles d’or (100 m, 200 m, 4x100 m et 80 m haies). La pianiste française Micheline Ostermeyer est championne olympique du disque et du poids (et médaille de bronze en saut en hauteur). Le Tchécoslovaque Emil Zatopek gagne le 10.000 m en moins de 30 mn (devant Alain Mimoun). Les Français reçoivent trois médailles à l’occasion de la dernière édition des compétitions artistiques aux Jeux Olympiques. Gilbert Oreiller gagne la descente et le combiné aux Ves Jeux d’hiver organisés à nouveau à Saint-Moritz. 1952 : les Jeux ont lieu à Helsinki. Avec le retour de l’U.R.S.S. (la Russie était absente depuis 1912), du Japon et de l’Allemagne (les deux Allemagne ne présentant qu’une seule équipe), 69 délégations sont présentes pour 5.429 athlètes (dont 518 femmes). C’est Paavo Nurmi qui porte la flamme olympique en haut d’une tour qui s’élève à 72,71 m, record du monde du Finlandais Matti Järvinen établi en 1930 au lancer de javelot. Emil Zatopek triomphe en remportant le marathon, le 10.000 m (devant Alain Mimoun) et le 5.000 m (de haute lutte devant Alain Mimoun). Shirley Strickland (Australie) est la reine du sprint en athlétisme : à ses trois médailles aux Jeux de Londres, elle ajoute une médaille de bronze au 100 m et une médaille d’or au 80 m haies (elle remportera encore deux médailles d’or aux Jeux de Melbourne). Jean Boiteux (rejoint dans le bassin par son père) est champion olympique en natation (400 m). De son tremplin, Mady Moreau s’envole pour ne céder que devant la championne olympique de plongeon la plus titrée (quatre fois sur deux Jeux Olympiques). Christian d’Oriola est champion olympique au fleuret individuel (idem en 1956) et par équipes (comme à Londres). Le cavalier Pierre Jonquères d’Oriola gagne le saut d’obstacles. Chez eux, aux Jeux d’hiver d’Oslo, les Norvégiens remportent seize médailles, dont sept d’or. Jacqueline du Bief apportera à l’Equipe de France une médaille de bronze en patinage artistique (avant de remporter peu après le titre mondial). 1956 : les Jeux vont à Melbourne, à la conquête d’un nouveau continent. 67 délégations sont présentes, mais la Chine populaire quitte le village olympique en raison de la présence de la Chine nationaliste. Les épreuves d’équitation sont organisées à Stockholm. L’Australie est reine en natation et Dawn Fraser gagne son premier titre sur 100 m, elle récidivera en 1960 et 1964. Larissa Latynina (U.R.S.S.) commence son règne avec quatre médailles d’or et donne à la gymnastique féminine une nouvelle dimension. Alain Mimoun prend sa revanche sur Emil Zatopek en remportant le marathon. Renée Garilhe remporte la médaille de bronze au fleuret. Aux Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo (Italie), l’Autrichien Toni Sailer remporte les trois médailles d’or du ski alpin : descente, slalom spécial, slalom géant. 1960 : pour la XVIIe olympiade, les Jeux reviennent en Europe, à Rome. Les débuts du direct en Eurovision associent désormais les téléspectateurs à la fête olympique. L’Ethiopien Abebe Bikila gagne (pieds nus) le marathon. L’athlétisme féminin a une nouvelle héroïne avec l’Américaine Wilma Rudolf, la "gazelle noire" qui gagne le 100 m, le 200 m et le relais 4x100 m. Al Oerter (U.S.A) gagne à nouveau le lancer du disque, il récidivera encore en 1964 et 1968. Aux Jeux d’hiver de Squaw Valley (Etats-Unis), Jean Vuarnet gagne la descente olympique. Thérèse Leduc est la meilleure skieuse française mais ne parvient à arracher que la quatrième place au slalom spécial. 1964 : l’Asie accueille les Jeux à Tokyo. La présence africaine s’étoffe avec de nombreux jeunes pays (l’Afrique du Sud est exclue en raison de sa politique d’apartheid). La Chine boycotte les Jeux car le CIO a reconnu Formose. 93 CNO sont présents pour 5.133 participants, dont 683 femmes. Le jeune homme qui allume la vasque olympique le 10 octobre 1964 est né à Hiroshima le jour même de l’explosion de la bombe atomique. Le volley-ball vient rejoindre les autres sports collectifs et le premier titre féminin est remporté par les Japonaises. Le judo fait naturellement son apparition officielle au Japon, mais le géant hollandais Anton Gesink empêche les Japonais de gagner tous les titres en remportant le tournoi toutes catégories. En natation, Dawn Fraser remporte son troisième titre olympique du 100 m nage libre tandis que Kiki Caron remporte la médaille d’argent sur 100 m dos. L’homme le plus vite du monde est à nouveau américain, il s’appelle Bob Hayes. La délégation française s’apprête à quitter le Japon la tête basse quand, le dernier jour, Pierre Jonquères d’Oriola lui offre sa seule médaille d’or en renouvelant son exploit de 1952. Aux Jeux d’hiver d’Innsbruck (Autriche), François Bonlieu gagne le slalom géant, les sœurs Goitschel montent en permutant sur les deux plus hautes marches du podium en slalom spécial et en slalom géant. 1968 : les Jeux de la XIXe olympiade retournent en Amérique, mais pas aux U.S.A., à Mexico. La répression de la révolte étudiante qui fit trois cents morts sur la place des Trois-Cultures met en péril les Jeux qui servent de caisse de résonance aux problèmes du monde. Martin Luther King a été assassiné le 4 avril 1968. Sur le podium du 200 m, Smith et Carlos lèvent le poing pendant l’hymne américain, le monde entier découvre le Black Power et la volonté des Noirs d’être intégrés dans la société américaine. Les performances des athlètes américains sont exceptionnelles. Hines gagne le 100 m en moins de 10 secondes. Fosbury gagne le saut en hauteur avec une nouvelle technique qui portera désormais son nom. Bob Beamon saute 8,90 m en longueur, 55 cm de mieux que le précédent record et la règle de la mesure officielle est trop courte. Les Français ont leur moment d’émotion en découvrant Colette Besson qui remporte le 400 m. En natation, Deborah Meyer n’est pas en reste sur ses équipiers masculins de l’athlétisme, elle remporte trois médailles d’or en nage libre sur 200, 400 et 800 m. En cyclisme, Daniel Rebillard, Pierre Trentin et Daniel Morelon (idem en 1972) remportent une médaille d’or. Trentin et Morelon y ajoutent ensemble une quatrième, celle du tandem. Les Xes Jeux d’hiver ont lieu à Grenoble. Marielle Goitschel est à nouveau championne olympique, en slalom spécial cette fois, Annie Famose monte deux fois sur le podium et Isabelle Mir est vice-championne olympique de descente. Jean-Claude Killy est le héros du ski alpin où il remporte les trois titres. Sur la glace, le public est enthousiasmé par la gracieuse américaine Peggy Fleming. 1972 : le drame de Munich. 6.063 athlètes masculins et 1.058 athlètes féminines, appartenant à 121 CNO, participent aux Jeux de la XXe olympiade dont l’Américain Mark Spitz qui remporte sept médailles d’or en natation, le Finlandais Lasse Viren qui réalise le doublé sur 5.000 et 10.000 m (il récidivera en 1976), la jeune Allemande Ulriche Meyfahrt (R.F.A.) qui remporte la hauteur à seize ans et Olga Korbut qui ne conquiert pas le titre olympique mais… le public. Les Jeux olympiques, désormais bien relayés par la télévision, sont un événement mondial. Leur exposition les fragilise en favorisant des récupérations de toute nature. Ils offrent une vitrine à toute manifestation qui veut profiter de leur dimension universelle. Le 5 septembre, au onzième jour, un commando palestinien commet un attentat terroriste qui coûte la vie à onze athlètes israéliens. Après une journée de deuil, le CIO décide la reprise des épreuves. Cette fois les Jeux ont été directement pris en otage, ils ne pourront plus se tenir sans une sécurité renforcée. Aux Jeux d’hiver de Sapporo (Japon), l’Union Soviétique totalise seize médailles (dont huit en or) et Danièle Debernard est vice-championne olympique en slalom. 1976 : de nouveau l’Amérique du Nord, au Canada, à Montréal. Les Chinois de Formose se retirent, ne pouvant défiler sous la bannière " République de Chine ". Toute l’Afrique, sauf le Sénégal et la Côte d’Ivoire, quitte les Jeux après que le CIO ait refusé d’exclure la Nouvelle-Zélande, accusée d’entretenir des relations sportives avec l’Afrique du Sud. Si on s’interroge de plus en plus sur certaines corpulences, le sport féminin marque à nouveau sa spécificité avec la Roumaine Nadia Comaneci qui s’impose en gymnastique au concours individuel, à la poutre ainsi qu’aux barres asymétriques. Le Cubain Juantorena réalise le doublé 400 et 800 m. Guy Drut est le premier européen vainqueur de l’épreuve du 110 m haies. L’Equipe de France de fleuret féminin gagne la médaille d’argent. L’U.R.S.S. remporte onze médailles d’or aux Jeux d’hiver qui se tiennent à nouveau à Innsbruck où Danièle Debernard s’adjuge une nouvelle médaille (bronze au slalom géant). 1980 : le boycottage de Moscou. Boycottage par vingt-neuf pays, dont les U.S.A., le Canada, la R.F.A, le Japon, la Corée du Sud, la Norvège qui décidèrent de ne pas aller aux Jeux olympiques pour protester contre l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. L’inscription aux Jeux est faite par les Comités nationaux olympiques et non par les gouvernements. Certains CNO résisteront à la pression de leur gouvernement et iront à Moscou sous la bannière olympique. 5.283 participants (dont 1.125 femmes) pour 80 CNO sont ainsi présents. Le duel entre Sebastian Coe et Steve Ovett, les deux as du demi-fond britannique, tourne à l’avantage de d’Ovett dans le 800 m, de Coe dans le 1.500 m. L’Italienne Sara Simeoni plane au-dessus de la barre et remporte le saut en hauteur. Le Polonais Kozakiewicz n’est pas peu fier de gagner le saut à la perche à Moscou. L’Equipe de France s’impose au fleuret féminin et Pascale Trinquet en individuel. Les escrimeurs masculins remportent les titres par équipes au fleuret et à l’épée. Angelo Parisi et Thierry Rey sont champions olympiques de judo. Les Jeux d’hiver ont lieu aux Etats-Unis, à Lake Placid. La finale de hockey sur glace oppose l’U.R.S.S. aux U.S.A., elle est remportée dans une atmosphère survoltée par les Américains qui n’étaient pas favoris. En ski alpin, Perrine Pelen remporte la médaille de bronze du slalom géant devant Fabienne Serrat. 1984 : le boycottage en retour de Los Angeles. Boycottage par 17 pays, dont l’U.R.S.S., la Bulgarie, la R.D.A., la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Hongrie, Cuba, l’Ethiopie. Les Jeux (surtout les athlètes) sont victimes de la guerre froide et des décisions des chefs des deux superpuissances qui, incapables de résoudre politiquement les problèmes politiques, demandent aux sportifs de le faire à leur place. 140 CNO ont délégué 6.802 athlètes (dont 1.567 femmes). 92.000 spectateurs assistent au Coliseum à la superbe cérémonie d’ouverture de ces Jeux relevant d’une organisation de nature privée. Les montants des droits de télévision et des recettes publicitaires ont fait un bond en avant. La vieille règle désuète sur l’amateurisme a disparu (le tennis reviendra au programme olympique aux Jeux de Séoul). Après vingt-huit années d’absence, la Chine populaire est la première délégation titrée des Jeux de la XXIIIe olympiade. Les Américains font une razzia en natation, mais Michael Gross (R.F.A.) remporte toutefois le 200 m. Les athlètes les plus rapides du monde sont encore américains, Evelyn Ashford et Carl Lewis remportent le 100 m et Carl Lewis rejoint Owens en remportant également le 200 m, le saut en longueur et le relais 4x100 m. Ulrike Meyfahrt (R.F.A.) réédite son exploit de Munich en remportant à nouveau le saut en hauteur. Pierre Quinon est champion olympique au saut à la perche. El Moutawakil sur 400 m haies féminin et Saïd Aouita sur le 5.000 m masculin donnent deux médailles d’or au Maroc. La gymnaste roumaine Ecaterina Szabo succède dignement à Nadia omaneci en remportant la poutre, le saut de cheval, les exercices au sol et le concours par équipes. Philippe Héberlé est champion olympique de tir à la carabine. Jean-François amour au sabre, Philippe Boisse à l’épée rapportent deux médailles d’or de plus à l’escrime française. L’équipe de France de Football gagne la finale lympique. Les Françaises ajoutent trois médailles de bronze : Michèle Chardonnet au 100 m haies, l’équipe de fleuret et Catherine Poirot au 100 m brasse. Les Jeux d’hiver de Sarajevo (Yougoslavie) ne sont pas plus victimes du boycottage que ne le furent ceux de Lake Placid en 1980. Les patineurs britanniques Jayne Torvill et Christopher Dean entrent dans la légende en remportant la danse sur glace. En patinage artistique, c’est Katarina Witt R.D.A.) qui est championne olympique en enthousiasmant le public. En ski lpin, Perrine Pelen monte deux fois sur le podium, sur la deuxième marche en lalom, sur la troisième en slalom géant. 1988
: les Jeux de la XXIVe olympiade sont célébrés à
Séoul. Organiser
les Jeux, en pleine guerre froide, dans une Corée coupée
en deux qui
symbolise cette rivalité est-ouest, après le double boycottage
de Moscou et de Los Angeles, est une gageure ! Il aura fallu que le CIO
déploie une formidable énergie diplomatique pour que ces
Jeux soient ceux de l’unité. Des pays qui s’ignoraient entrent à
nouveau en communication par le sport. La
participation établit un record : 8.473 participants (dont 2.186
femmes) pour 159 CNO.
1992 : les Jeux de la XXVe olympiade ont lieu à Barcelone. La participation ne cesse de croître : 9.368 athlètes (dont 2.708 femmes) pour 169 CNO. Malgré l’embargo qui frappe l’ex-Yougoslavie, Serbes et Croates sont autorisés par l’O.N.U. à concourir sous l’égide du CIO, en maillot blanc, tandis que la Bosnie-Herzégovine est présente sous ses propres couleurs. L’apartheid étant aboli officiellement (et on peut penser que le sport en général, le CIO en particulier, a contribué à cette abolition), l’Afrique du Sud revient aux Jeux. Cuba est revenu. De nouveaux pays issus de l’ancienne Union Soviétique participent avec fierté. Il n’y a plus de R.F.A. et de R.D.A. mais à nouveau une seule équipe allemande. Pour la somptueuse cérémonie d’ouverture, c’est l’image d’un monde en plein changement qui défile au stade de Montjuich.Les 100 m sont gagnés par Lindford Christie (Anglais d’origine jamaïquaine) et Gail Devers (USA) mais Carl Lewis est toujours présent et remporte encore l’or à la longueur et au 4 x 100 m. L’attendue Marie-José Pérec est bien au rendez-vous et gagne le 400 m. L’Algérienne Hassiba Boulmerka remporte le 1.500 m. Dans le 10.000 mètres féminin, l’Ethiopienne Derartu Tulu et la Sud-Africaine blanche Elena Meyer, arrivées dans cet ordre, tombent dans les bras l’une de l’autre. La Dream Team des professionnels américains de la NBA remporte le tournoi de basket. Nicolas Hénard et Yves Loday en tornado, Franck David en planche à voile, Sébastien Flute au tir à l’arc, Cathy Fleury et Cécile Nowak au judo, Philippe Omnès au fleuret et Eric Srecki à l’épée sont également champions olympiques. Les Jeux d’hiver de 1992 ont lieu à Albertville où la délégation française remporte neuf médailles, dont trois d’or : Edgar Grospiron dans les bosses du ski acrobatique, Fabrice Guy en combiné nordique et l’équipe féminine de relais en biathlon. Carole Merle (argent en super-géant) et Florence Masnada (bronze en combiné alpin) ainsi que Isabelle Duchesnay-Dean (avec la complicité de Paul Duchesnay en danse au patinage artistique) ajoutent leurs performances au palmarès féminin de l’Equipe de France, ravie de concourir à domicile. C’est la dernière fois que les Jeux d’hiver ont lieu la même année que les Jeux d’été, les suivants se dérouleront en effet en 1994. 1994 : la Norvège, enthousiaste, accueille les XVIIes Jeux d’hiver avec chaleur et simplicité, à Lillehammer. Emotion, tradition et paix sont les mots qui s’inscrivent dans les mémoires de ceux qui assistent à la cérémonie d’ouverture et qui respectent une minute de silence pour Sarajevo. L’Italien Alberto Tomba remporte en ski alpin une médaille d’argent, ce qui lui fait un total des cinq médailles (trois en or, deux en argent) en trois Jeux et six ans. Cinq femmes marquent ces Jeux par la qualité de leurs performances : la Russe Ljubov Egorova (trois médailles d’or et une d’argent qui s’ajoutent aux trois médailles d’or et deux d’argent à Albertville en ski de fond), la Suissesse Vreini Schneider (médaille d’or en slalom et en slalom géant à Calgary, ajoute une médaille d’or, une médaille d’argent et une médaille de bronze à son palmarès), l’Italienne Deborah Compagnoni (championne olympique du super-géant à Albertville, est cette fois championne olympique du slalom géant et elle le sera encore à Nagano), l’Américaine Bonnie Blair (avec deux médailles d’or en patinage de vitesse, elle porte son total à cinq médailles d’or et une de bronze) et la Sud-Coréenne Yaon - Mi Kim (qui, en patinage de vitesse sur piste courte est la plus jeune médaillée d’or de l’histoire des Jeux d’hiver : 13 ans). Pour les Français, Edgar Grospiron monte à nouveau sur le podium en ski artistique, mais sur la troisième marche cette fois. Philippe Candeloro est également médaille de bronze, en patinage artistique. Le biathlon rapporte trois médailles avec Anne Briand (argent sur 15 km), le relais dames (bronze) et le relais hommes (bronze). 1996 : du 19 juillet au 4 août, les Jeux de la XXVIe olympiade se sont déroulés aux Etats-Unis. Atlanta a été préféré à d’autres dont Athènes, candidat malheureux pour la sixième fois, qui pensait que les Jeux du centenaire lui revenaient de droit et qui organisera ceux de 2004. Il n’en demeure pas moins que les Jeux du centenaire ont eu un formidable retentissement. Pour la première fois, il y eut plus de 10.000 participants (10.744 athlètes accrédités) avec, pour la première fois également, une participation féminine supérieure au tiers (3.684 femmes). Cela pose la question du gigantisme ; par contre, avec 197 C.N.O. participants, les Jeux olympiques atteignent l’universalité. Le stade olympique a connu un très grand moment le 1er août avec, dans la même soirée, les formidables doublés de Michael Johnson et de Marie-José Pérec. La délégation française suit un parcours euphorique. Marie-José Pérec n’est pas seule en athlétisme qui obtient son meilleur résultat aux Jeux. L’aviron met fin à 32 années d’abstinence avec 4 médailles. Le canoë-kayak, toujours présent depuis 1980, obtient enfin l’or qu’il n’avait pas revu depuis Helsinki. Le cyclisme, régulièrement présent sur les podiums des Jeux, n’a jamais été à telle fête, tant sur route que sur piste, tant chez les hommes que chez les femmes et ne rate pas l’arrivée du VTT. L’équitation, qui enrage de n’être que 4ème, 4 fois, n’oublie quand même pas sa tradition de ramener une médaille le dernier jour. L’escrime, une valeur sûre, fête à sa manière l’entrée de l’épée féminine au programme. La lutte trouve enfin, avec beaucoup d’émotion, un successeur au mythique Daniel Robin (Mexico). Le tir tient sa médaille, elle est en bronze et sert en fait d’échauffement pour l’or. 1998
: 26 ans après Sapporo, le Japon accueille, à Nagano, les
XVIIes Jeux d’hiver, à la satisfaction des Français qui apprécient…
une belle présence de la langue française. Comme à
Atlanta, la participation féminine dépasse le tiers. En ski
alpin, Hermann Maier (Autriche) monte deux fois sur la plus haute
marche du podium, "La" Compagnoni est toujours là : une médaille
d’or et une d’argent. Le ski de fond est plutôt norvégien
chez les hommes et russe chez les femmes. Les Japonais ont leurs succès
en saut à ski et en patinage de vitesse. Mais c’est l’Allemagne
qui domine les Jeux. Et la France ? L’Equipe de France a du mal à
démarrer, les reports de compétitions dus aux intempéries
ajoutent à l’impatience. Et enfin, Karine Ruby ouvre le bal en surf
des neiges, elle est championne olympique en slalom. La suite se
fait encore attendre mais Jean-Luc Crétier a su franchir une redoutable
bosse qui sera fatale à bien des concurrents, dont Herman Maier
et… Adrien Duvillard, tandis que Nicolas Burtin a raté une porte
: trente ans après Jean-Claude Killy, un Français est champion
olympique de descente. Le porte-drapeau français s’acquitte fort
bien de sa mission et un époustouflant d’Artagnan fait se lever
le public pour saluer sa prestation : Philippe Candeloro est médaille
de bronze en patinage artistique. Florence Masnada et Mélanie Suchet
sont première et deuxième en descente… jusqu’à l’arrivée
de Pernilla Wiberg. En danse sur glace, on attend Marina Anissina et Gwendal
Peizerat : ils sont là et montent sur la troisième marche
du podium. Sébastien Foucras est vice-champion olympique en saut
acrobatique tandis que le bobsleig français conquiert la première
médaille de son histoire. Sur la patinoire, les reines de ces XVIIes
Jeux d’hiver étaient américaines : il fallait être
très fort en patinage artistique pour départager Tara Lipinski
et Michelle Kwan.
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