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Faire
du sport de nos jours peut au premier abord paraître chose facile,
ou en tout cas bien plus facile qu’il y a 50 ans.
Tout d’abord parce que les infrastructures sont bien plus nombreuses, modernes et adaptées, accessibles et pratiques. Ensuite parce que la pratique du sport même est philosophiquement devenue peu à peu une notion répandue, intégrée à notre société et à notre mode de vie. Le sport, dont les bienfaits sont - heureusement - désormais largement connus et médiatisés, est une composante devenue populaire et généralisée, et non plus réservée à une seule et restreinte élite de connaisseurs, acharnés ou chanceux, marginaux ou fortunés. Enfin et dans la même logique, parce que l’évolution de nos modes de vie en général, et de nos rythmes de travail en particulier, font apparaître une tendance généralisée à la diminution du temps global de travail, et à la sensible progression du temps de loisirs - et donc du temps disponible pour pratiquer un sport. Faire du sport aujourd’hui apparaît donc comme non seulement simple, mais également comme une chose naturelle, voir même tout simplement logique. Et pourtant, à refuser les lieux communs et à bien y regarder, si vous creusez la question - d’apparence évidente - vous découvrirez que la chose n’est pas si simple et si automatique que cela. Pourquoi donc ce doute sur une telle évidence ? Tout d’abord parce que s’il est vrai qu’il y a davantage de piscines aujourd’hui que naguère, leur nombre est tout de même resté relativement stable depuis plus de 20 ans, et décline même dans certaines régions. Le parc hexagonal actuel trahi même un vieillissement moyen certain, et le nombre d’établissements en cours de rénovation ou de fermeture faute de pouvoir supporter les mises aux normes de plus en plus strictes qui leur sont imposées n’est pas si insignifiant que cela. De plus, ces piscines sont de plus en plus sollicitées pour accueillir de multiples acteurs pour de non moins multiples activités : les plages restantes disponibles s’amenuisent d’autant, et la programmation d’une grille d’occupation des bassins relève bien souvent du casse-tête. L’autre grand débat sur lequel l’on peut se pencher concerne la population dans son ensemble et le sport : la proportion de gens pratiquant un sport régulièrement est-elle vraiment en expansion ? N’assiste-t’on pas au contraire à une tentante et dangereuse orientation vers les multiples et insidieuses facettes d’une sédentarité sous-jacente ? Les possibilités qu’offre notre vie moderne pour combler nos temps de loisirs deviennent si vastes et variées, que le sport n’en est plus devenu qu’une composante, qu’un choix parmi d’autres. Là ou l’on ne pouvait guerre s’occuper à autre-chose que la lecture ou l’activité physique, le panel de possibilités actuel est plutôt vaste, et les choix d’autant plus difficiles. Enfin, le mythe de la réduction réelle du temps de travail peut lui aussi être approfondi et analysé. Même si réelle réduction il y a, celle-ci n’implique pas automatiquement une symétrique augmentation du temps passé à pratiquer un sport : le temps éventuellement « gagné » par la diminution théorique des heures de travail - phénomène dont l’ampleur reste encore à déterminer - et s’il n’est pas compensé par l’augmentation des temps de déplacement entre le domicile et le lieu de travail - signifie bien souvent que l’on préfère passer davantage de temps en famille, avec son conjoint et ses enfants, à surfer sur internet ou à tester de nouveaux jeux vidéos, etc... bref, à plutôt passer du temps avec les siens, ou à succomber aux sirènes des nombreuses occupations que notre société moderne nous offre. Quand fait-on du sport dans tout cela ? Si certains ont compris depuis longtemps l’importance de s’occuper de son corps autant que de sa tête, cette conviction n’est pas encore une philosophie totalement généralisée. Pour ceux qui sont toutefois concernés - vous qui lisez ce texte en faites, je l’espère, partie - la réponse est claire, mais emprunte d’une incessante problématique d’organisation. Deux grands axes se dégagent toutefois : le premier, et celui auquel on pense tout naturellement, est la pratique du sport tard en soirée la semaine, et / ou le week-end. Dans un cas comme dans l’autres, la motivation doit être grande : ressortir de chez soi après une longue et intense journée de travail, souvent dans le froid ou bien déjà à la nuit tombée, pour aller nager une heure dans le cadre du club le plus proche, n’est pas chose évidente. Quant aux piscines qui offrent des plages de type « nocturne » au public, elles sont loin d’être légion. Et je passe sur le dilemme du repas du soir (avant ou après ?), et du délais minimum souvent nécessaire pour pouvoir bien s’endormir. Le cadre du week-end, s’il offre des conditions plus agréables, n’en reste pas moins question de stricte organisation : deux jours en famille, cela passe déjà très -trop - vite, et la demie-journée est bien vite entamée par la séance de sport. L’idéal est bien-sûr de pouvoir concilier le sport et son partage : aller nager ensemble est la synthèse idéale entre l’activité physique et la préservation de précieux moments de complicité avec les siens. Un second axe toutefois monte peu à peu en puissance depuis quelques années, et constitue désormais une alternative ou un complément très intéressant au premier axe évoqué précédemment : arriver à faire du sport en semaine, le midi. Solution idéale en soi, car elle s’intègre parfaitement à la semaine de travail, et ne « consomme » pas de temps ni sur les soirées, ni sur les week-ends. Dans la pratique, vous êtes en effet de plus en plus nombreux à intégrer un petit sac de sport aux affaires du matin, et à aller nager, ne serait-ce que 45 minutes, entre midi et quatorze heures, à la « coupure » du repas - qu’il est toujours possible de caser après, même s’il faut l’alléger pour cela. L’organisation nécessaire pose très rarement problème au niveau de l’entreprise, quitte à prendre moins de temps de pause le midi sur les autres jours de la semaine. L’intelligence des entreprises prend ici toute son importance, et l’on se saurait davantage les inciter à prendre en compte cette souplesse, qui ne grève en rien les « performances » ni les plannings de travail de leurs salariés, bien au contraire : seuls les rétrogrades et les coincés n’ont pas encore compris qu’un bon équilibre, notamment au travers de la pratique régulière d’un sport doux et complet comme la Natation, ne peut qu’apporter plaisir et donc efficacité et performances au travail. Reste ensuite à dénicher la piscine la plus proche, dont les créneaux d’ouverture permettent ces parenthèses aquatiques si bénéfiques. Le principal reste désormais ce point, et ici aussi, on ne peut qu’encourager les municipalités et les piscines à prendre cet aspect en compte, et à adapter leurs horaires d’ouverture en fonction. Ceci est un vibrant appel à la modernité et à l’adaptation aux nouvelles organisations et modes de vie : intégrons le sport dans notre vie de tous les jours, et les faits sont là : les gens réclament de plus en plus la possibilité de faire du sport le midi, et les piscines qui ont compris cela voient leur fréquentation de plus en plus riche dans ces plages horaires, pour peu qu’elles mettent tout en oeuvre dans ce sens (vive les cartes d’abonnement par exemple), et qu’elles communiquent suffisamment leur stratégie. Allons donc faire quelques lignes d’eau de temps en temps le midi, même une seule fois pas semaine ; c’est déjà un grand pas vers l’intégration douce, naturelle et bienfaisante du sport en général, et de la Natation en particulier, dans l’équilibre intérieur et extérieur de notre tête et de notre corps, en un mot de notre vie de nageur, de travailleur, de famille, donc de notre vie tout court... (source:
Nager)
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