Les
changements de direction imposés par la configuration du bassin
peuvent être responsables d'une perte de temps s'ils ne sont pas
dominés. Par contre, un virage correctement réalisé
apporte des avantages indéniables. La poussée au mur crée
une vitesse de base importante, la position hydrodynamique sous l'eau limite
les résistances, vous vous propulsez à moindre coût
énergétique, le temps de glisse permet un relatif repos musculaire...
bref, un virage bien fait, c'est 10 m parcourus de façon très
économique. Alors, plus question de s'en priver !
La brasse est le style le plus codifié des 4 nages et la phase du virage dans cette spécialité n'échappe pas à cette constatation. Le nageur est soumis à de fortes contraintes qui vont déterminer sa technique de virage, du toucher du mur à la reprise de nage.
Le virage se décompose en plusieurs phases :
1
- l'approche du mur
2
- le toucher du mur
3
- le retournement
4
- la poussée
5
- la coulée
6
- la reprise de nage
Garder sa vitesse !
A l'approche du mur, la vitesse de nage doit rester constante.Il ne faut surtout pas ralentir 5 m avant le mur. Par contre, il est parfois nécessaire de modifier sa nage pour toucher le mur dans des conditions optimales. Diminuer la distance parcourue par mouvement ou au contraire l'augmenter permet de gérer les quelques mètres restant à parcourir. Cela évite d'arriver "écrasé" sur le mur ou au contraire de devoir se laisser glisser en perte de vitesse.
L'idéal est de toucher avec les bras quasiment tendus (schéma 1 ). Le règlement impose de toucher le mur des deux mains simultanément. Par contre au plan spatial, on peut les poser sur, sous ou à la surface ou de façon décalée. Les nageurs confirmés décalent leurs mains au mur pour anticiper le retournement, la main du côté du pivotement étant plus enfoncée.
Lors des premiers essais, il faut avant tout respecter le règlement, 2 mains simultanées. Ce n'est qu'avec l'expérience et la pratique que l'on peut se permettre d'anticiper la suite du virage.
Chacun choisit son côté de prédilection pour pivoter. Sur les schémas, le nageur représenté vire à gauche. En général à l'entraînement, les nageurs tournent dans un couloir et il est plus facile pour eux de virer de ce côté.
Afin
de diminuer les résistances et faciliter le retournement,
on ramène les jambes sous son buste, en groupé.
Le
bras côté pivotement lâche le mur et vient se placer,
sous l'eau, dans le sens de la poussée (donc dans la direction du
mur opposé) (schéma 2).
Le
corps pivote autour de la main restée en appui. Les jambes, toujours
groupées, se rapprochent du mur alors que la tête et le buste
s'orientent progressivement dans le sens de la poussée. La main
d'appui quitte le mur et le bras est lancé au-dessus de l'eau, semi-fléchi,
dans le sens de la poussée. Le nageur est sur la tranche, voire
quasiment à plat sur le dos. C'est le moment de prendre une bonne
inspiration avant la phase sous-marine du virage (schéma 3). A ce
moment, les pieds sont en contact avec le mur tandis que la main d'appui
vient s'aligner et se poser sur la 1ère.
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S'aligner avant de pousser
Mains,
tête, bras, buste doivent être parfaitement alignés
dans une position profilée, tête placée entre les bras
tendus, lors de la poussée dynamique des jambes (schéma 4).
Une vrille permet de retrouver la position" à plat ventre" .
La
poussée des jambes est orientée relativement en oblique vers
le bas. On ne doit pas hésiter à s'enfoncer entre 1 m et
1 ,50 m. Grâce aux nombreuses répétitions, vous réglerez
progressivement votre trajectoire sous-marine.
Pour profiter au mieux du virage, il est nécessaire maintenant de réaliser une bonne coulée: Il faut rechercher la position la plus hydrodynamique pour se freiner le moins possible et ainsi utiliser au mieux la vitesse acquise grâce à la poussée au mur. Dans un premier temps, on se laisse glisser, le corps parfaitement aligné (schéma 5). Ensuite, on réalise une traction complète des bras jusqu'aux cuisses, les jambes restant serrées (schémas 6,7,8). On a le droit d'utiliser ce type d'action de bras uniquement lors du virage. Les mains ne doivent en aucun cas dépasser la ligne des hanches quand on nage à la surface. Ce mouvement, très puissant, entretient la vitesse acquise. Il est suivi par un 2e temps de glisse. Le nageur : amorce alors sa remontée. Les bras sont ensuite ramenés vers l'avant. Il faut passer les mains très près du corps pour éviter d'augmenter les résistances lors de ce mouvement (schéma 9). Les jambes se plient en vue de leur poussée.
Lorsque
les bras sont tendus à l'avant, les jambes effectuent leur mouvement
(schéma 11). Après un troisième temps de glisse très
court, le nageur peut entamer son 1er mouvement de bras " normal" pour
crever la surface de l'eau. C'est donc à ce moment que l'on relève
la tête jusqu'ici gardée bien alignée, regard vers
le fond du bassin. Cette coulée est très réglementée.
Bien sûr, on est tenté de faire un ou deux mouvements supplémentaires
sous l'eau, ça va tellement plus vite... mais interdiction formelle
sous peine de disqualification !
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Arrivée sur le mur, les 2 mains en même temps mais pas forcément à la même hauteur. Ajuster les derniers mouvements avant l'arrivée sur le bord afin de toucher dans un bon cycle (bras quasi-tendus). |
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La main du coté du virage (main gauche pour un virage sur la gauche par exemple) repart très tôt du mur, sous l'eau ou bien projettée au dessus de la surface, pendant que les pieds prennent place et préparent la poussée; l'autre main ne rejoint la première qu'au dernier moment. |
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Le bras "extérieur" rejoint le bras "intérieur", les jambes sont placés et prêtes pour la poussée, la tête se rentre pour aider à la coulée sous la surface. |
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La poussée elle-même sur le bord est puissante. |
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On utilise toute la glisse résultante, dans un premier temps le corps totalement allongé. |
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Un premier cycle de bras (traction) débute la phase active de la reprise de nage. |
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Ce mouvement se poursuit ensuite en une poussée (mouvement très différent des cycles classiques en surface). |
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Seconde période de glisse. |
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Retour des bras vers l'avant du corps |
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Aidés par un mouvement de jambes puissant. |
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Fin du mouvement de jambes, qui ramène le corps proche de la surface de l'eau. |
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La tête se relève, et c'est l'inspiration et le début des mouvements de surface. |
Pas de précipitation
On doit bien distinguer les différentes séquences du virage. Rien ne sert de se précipiter, vous n'y gagnerez rien, surtout dans la phase sous-marine. Au début. il est difficile de prolonger la coulée. On a envie de retrouver la surface le plus vite possible car on pense qu'on perd du temps sous l'eau. Il faut se persuader du contraire ! On est bien plus efficace qu'en surface.
L'autre difficulté à dépasser est celle du temps d'apnée. On a du mal à tenir les premières coulées, le besoin de respirer nous attirant vers la surface. Mais au fil des essais, on s'habitue à la situation et on prend conscience des avantages à évoluer sous l'eau.
Un
virage bien maîtrisé vous permettra de gagner en efficacité
aussi bien à l'entraînement qu'en compétition. D'autre
part, le règlement étant assez sévère, il est
indispensable de répéter, dès que vous en avez l'occasion,
cette technique pour la dominer parfaitement et éviter tout risque
de disqualification. A chaque virage, efforcez-vous de mettre en pratique
les conseils donnés.
Même
si vous ne nagez pas en compétition, on vous demandera très
souvent dans les concours et examens, une connaissance pratique du règlement
en vigueur pour les virages.
(Source:
Toute la natation (Maria Semerjian) + Nager. Photos/Schémas: Toute
la natation )