L'acte moteur : comment nous apprenons
         
        Je vous propose, au travers de cet article complet et richement documenté envoyé par Louis Laplante, de plonger dans la connaissance de l'apprentissage de la Natation, en analysant les multiples facettes de l'acte moteur. Il est important de souligner l'apport de madame Johanne Grenier (chargée de cours à l'Université du Québec à Montréal et spécialiste dans le domaine de la Natation). Pour  finaliser le tout, des ouvrages de différents auteurs (Jean-Pierre Bonnet, Richard A.Schimdt, et bien d'autres...) ont été consultés

        Quand des spécialistes étudient la manière et les "outils physiques et mentaux" avec lesquels l'homme apprend à nager, il faut se concentrer pour suivre, mais la lecture en vaut la peine...
         

        L'acte moteur : des sensations à l'imagerie mentale

        Trois types de sensations nous sont utiles quand vient le temps de nous
        informer sur notre agir corporel en lien avec notre environnement. Cet
        environnement peut être soit: interne (sensations intéroceptives) ou externe
        (sensations extéroceptives) .Les sensations dites proprioceptives, quant à
        elles,  nous informent «-sur les déplacements qu'effectuent nos membres et
        la position qu'ils occupent par rapport à notre corps :

        -sur la position de notre corps dans l'espace;

        -sur la résistance que rencontre le sportif lors d'un mouvement et qui lui
        permet d'ajuster la force à exercer» (Bonnet, J-P, VERS UNE PÉDAGOGIE DE
        L'ACTE MOTEUR, P24)

        Ces dernières sensations sont très importantes dans l'apprentissage d'un
        nouveau mouvement en natation. En effet, la natation étant une discipline
        où l'individu est en relation avec lui-même, les sensations que lui procure
        son corps quant à la force musculaire qu'il doit déployée pour effectuer
        tel ou tel mouvement lui sont essentielles à sa progression. Elles lui
        procurent un «Feed-back interne» (Schmidt,A.Richard, APPRENTISSAGE MOTEUR ET
        PERFORMANCE,P.255). Si le jeune éprouve de la difficulté à imaginer le
        résultat final d'une action quelconque, il y a fort à parier que, sur le
        plan moteur, son action ne sera pas exacte. Ici, le recours à l'imagerie et
        la pratique mentale prennent toute leur importance. L'imagerie mentale
        désigne:«un processus de représentation d'objets statiques ou dynamiques et
        d'événement passés, présents ou futurs sans la présence de stimuli
        externes» (Chevalier,1995,;Decety,1989;Decety et Mick,1989;Denis,
        1979;1989;1991;Finke,1989 in Chevalier, Nicole, Taktek,
        Khaled,APPRENTISSAGE MOTEUR-CAHIER D'ACCOMPAGNEMENT, KIN 2100, département
        de kinanthropologie,Université du Québec à Montréal,Automne 1999, P.60).
         

        L'image de son propre corps : le schéma corporel

        Toutes ces informations sont en étroites relations les unes avec les autres
        et constituent, ce que les psychologues appellent:«le schéma corporel» ou
        tout simplement l'image que se fait l'individu de son propre corps. C'est
        donc à travers ses actions corporelles posées sur son environnement
        (interne/physique/social) qu'il pourra finalement être à même de bâtir son
        schéma corporel ou la représentation mentale qu'a un individu de son corps
        et des différentes parties qui le compose. Afin de l'aider à avoir une
        meilleure représentation de son corps, il peut s'avérer pertinent de lui
        faire manipuler différents objets. Ainsi, il apprendra toutes les
        possibilités de mouvements que lui offrent les différentes parties de son
        corps.

        À partir d'ici, je tenterai d'établir des liens entre les différents stades
        de l'acte moteur (4) établis par Jean-Pierre Bonnet (Vers une pédagogie de
        l'acte moteur) et l'apprentissage de la natation chez un individu. Il va
        sans dire que l'apprentissage de la natation est très différent de
        l'apprentissage de la marche ne serait-ce parce que le maintient de
        l'équilibre se fait dorénavant à l'horizontal.
         

        Les stades de l'acte moteur (4):

        Dans son livre, Jean-Pierre Bonnet distingue 4 stades de l'acte moteur à savoir:

        1-automatisation;

        2-dissociation;

        3-équilibration;

        4-coordination.
         

        1-Automatisation: Ici, nous pouvons facilement reconnaître un dérivé du mot
        automatique. Au début de son processus d'apprentissage, la personne, dans
        ce cas-ci le nageur, devra réfléchir longtemps à ce qu'elle doit accomplir
        comme action. Ceci exige d'elle une très grande attention, donc une très
        grande fatigue nerveuse. Elle passera beaucoup de temps à analyser des
        éléments plus ou moins importants et ce, en négligeant de considérer ceux
        qui sont plus essentiels dans la résolution de la tâche. C'est à travers la
        répétition et l'entraînement que le jeune en arrivera à améliorer la
        qualité de ses actions motrices et, par ricochet, ses performances
        motrices. Ici, il faut être prudent quant au recours à la répétition et aux
        fréquences d'entraînement imposées au jeune. Effectivement, un mauvais
        dosage peut amener le jeune à délaisser la pratique d'un sport. Il faut
        donc savoir varier la nature des entraînements afin de toujours garder
        l'intérêt des jeunes.

        Ce stade de l'acte moteur se subdivise en deux autres stades:
        1.1 stade de la centration: À ce stade, l'individu porte une attention
        particulière à chacun des gestes qu'il exécutent. Il se concentre
        uniquement sur l'action présente. Il n'anticipe pas la suite des événements
        souvent causé par un manque de ressources autant cognitives que motrices.
        Sa principale source d'information se limite à son regard. Bonnet les
        appelle «béquilles oculaires»(p 38)

        1.2 stade de la décentration (automatisation): Rendu à cette étape, on
        assiste à un passage «du visuel au kinesthésique» (Bonnet P.38). Dans son
        livre intitulé «psychologie sportive» et cité dans Bonnet, Whitting nous
        dit que :«plusieurs études ont montré les effets bénéfiques de la
        suppression de l'information visuelle dans le temps d'apprentissage».Une
        expérience menée par Griffith et rapportée par B.Knapp visait à comparer la
        différence de résultats obtenus par deux groupes de personnes. L'auteur
        avait bandé les yeux du premier groupe de sujet (groupe expérimental) qui,
        comme le second groupe qui n'avait pas les yeux bandés (groupe de
        contrôle), devait apprendre à exécuter une drive au golf (distance
        parcourue par la balle après un élan complet).Au début de son expérience,
        l'auteur a constaté que les résultats obtenus par les deux groupes étaient
        relativement semblables.Après plusieurs semaines, il enleva le bandeau de
        sur les yeux du groupe expérimental et les résultats que les gens de ce
        groupe obtinrent étaient supérieurs à ceux obtenus par les gens du groupe
        de contrôle.

        La qualité des actions corporelles que pose un individu en relation avec
        son environnement physique dans le but de résoudre une tâche motrice tend à
        s'améliorer avec le temps. Or, il est possible d'accélérer ce processus de
        transformation des actions corporelles (TAC) si l'on se réfère à des
        activités qui font appel à la pratique et à l'imagerie mentale dans le but
        d'aider le jeune à se construire un meilleur "schéma cognitif "
        (Bandura&Jeffrey,1973 in  Cahier d'accompagement KIN 2100 P.70) Ceci
        amènera, sans doute, une meilleure représentation de la tâche qui
        engendrera des meilleures intentions et des comportements moteurs mieux
        ajustés à la nature de la tâche à réaliser en tenant compte de tous les
        enjeux et les contraintes qu'elle suppose. L'imagerie mentale fait
        également référence à un processus de représentation d'objets statiques ou
        dynamiques...sans la présence de stimuli externes. ( Chevalier,1995;
        Decety,1989; Decety et Mick,1989; Denis,1979; 1989;1991; Finke,1989 in
        Cahier d'accompagnement KIN 2100 P.60). Il semblerait que les effets de
        l'imagerie interne seraient supérieurs à ceux rencontrés lors d'imagerie
        externe in external imagery, a person view himself from the perspective of
        an external observer ( Cahier d'accompagnement KIN 2100 P.67).

        Il est important, à ce stade, que les automatismes ne soient pas nuisibles
        au bon développement moteur du nageur. Ces nouveaux gestes doivent être
        utilisés en temps opportum sans quoi, ils n'ont plus aucune utilité.
         

        2-Dissociation:  Elle peut être décrite  comme la facilité qu'a un individu
        d'isoler un mouvement spécifique effectué par une partie du corps. Par
        exemple, un enfant qui apprend à faire un clin d'oeil. Au début, cela
        ressemblera plus à une série de grimaces qu'à un véritable clin d'oeil et
        souvent, il fermera les deux yeux! C'est ce qu'il est convenu d'appeler une
        syncinésie ... autrement dit un système de mouvements qui ne peuvent
        s'exécuter qu'ensemble. ( Henri Wallon , La maladresse in  Bonnet, J.P,Vers
        une pédagogie de l'acte moteur P  41)    Ici, le sujet déploie un maximum
        d'efforts pour obtenir un minimum d'effets.

        Quelque soit la discipline, le débutant est,  avant tout, indissocié.
        L'enfant aborde un nouveau mouvement dans son aspect global après quoi, il
        pourra aller vers des aspects plus spécifiques de ce mouvement. Exemple:
        «En natation, la respiration dans les nages simultanées fait redresser le
        corps et en crawl l'indissociation tête-tronc fait pivoter le buste» (
        Bonnet, J-P, Vers une pédagogie de l'acte moteur, P 41) De façon générale,
        les signes typiques des syncinésies sont des raideurs dans l'exécution des
        différents mouvements du sujet et , comme Bonnet tend à les appeler: «des
        réactions dites explosives » (op.cit) Au fur et à mesure que l'individu
        progressera, il  deviendra de plus en plus capable de différencier ses
        membres les uns des autres. Ici, nous pouvons parler de la loi
        «céphalo-caudale, proximo-distale» à l'intérieur desquelles l'individu est
        d'abord plus à l'aise à maîtriser les articulations les plus proches du
        centre de son corps (épaule par rapport au poignet etc...)

        Plusieurs types de dissociations sont envisageables comme par exemple:

        1)dissociation des membres supérieurs (ex:lors du recouvrement des bras au
        crawl et au dos crawlé)

        2)dissociation des membres inférieurs (ex: lors du battement des jambes au crawl et au dos crawlé)

        3)dissociation gauche/droite (ex:lors du mouvement des jambes en ciseaux à la marinière)

        4) dissociation haut/bas du corps (ex: au papillon , chez les débutants,
        les jambes peuvent faire un mouvement de brasse alors que les bras font un
        recouvrement simultané.

        5)dissociation tête/buste (ex: lors de la
        respiration au crawl, le débutant aura tendance à lever son torse pour
        pouvoir respirer soit sur le côté ou en avant.)
         

        3. Équilibration: Ce stade est, à mon avis, le plus important des quatre en
        ce qui a trait à l'apprentissage de la natation. En effet, dans la vie de
        tous les jours, nous nous  promenons sur nos deux pieds; ce qui représente
        une position équilibrante pour tous les bipèdes que nous sommes.
        Jean-Pierre Bonnet l'appelle «l'équilibre naturel du terrien» (P.45) Dans
        le processus d'équilibration, il existe deux systèmes qui assurent ou
        rétablissent notre équilibre. Ce sont, dans un premier temps, le système
        statique qui assure notre position stable, debout... «cette action, aussi
        simple soit-elle, est en fait  un interminable déséquilibre sans cesse
        rattrapé» (Bonnet P.45) et ,dans un deuxième temps, le système cinétique
        qui «préserve ou rattrape l'équilibre du corps pendant un mouvement»
        (op.cit.)

        Dans l'eau, l'équilibre du nageur  est à refaire, car il s'agit plutôt,ici,
        d'un déséquilibre par rapport au monde terrestre. «Sur terre, l'équilibre
        vertical est en grande partie conditionné par des informations nées des
        différences de pressions exercée au sol par les plantes des pieds. Ces
        informations plantaires ne jouent plus aucun rôle pour l'équilibration dans
        l'eau»
        (R.Catteau, G.Garoff ,L'enseignement de la natation, 3e édition, Paris,
        1987, P.295.)

        Bonnet distingue, encore ici, trois niveaux d'évolution quant à l'équilibration.

                1 Non-nageur/           1 Refus du déséquilibre
                nageur débutant

                2 Nageur intermédiaire  2 Équilibration a posteriori

                3 Nageur confirmé       3 Rééquilibration anticipée

        (Tiré  d'un article écrit par Madame Sylvie Bouchard (éducatrice physique):«Fondement
        des activités physiques et adaptation au milieu aquatique»)
         

        Equilibration = confiance

        En ce qui a trait à la natation, l'aspect d'équilibration fait référence à
        la flottabilité et à l'esprit de «confiance» que l'individu lui accorde. Il
        est pertinent, ici, de mentionner que la flottabilité influence grandement
        l'équilibre (le niveau d'aisance dans l'eau) et l'hydrodynamisme de la
        personne. On peut également dire que la flottabilité d'une personne est
        inflençée par :

        1) sa morphologie;

        1.1 ectomorphe (personne maigre) Densité : 0,993
        1.2 mésomorphe (personne musclée) Densité : 0,995
        1.3 endomorphe (personne obèse) Densité : 0,990

        2) sa capacité pulmonaire (6000 ml réf: Anatomie physiologie humaine p.742)

        3) sa capacité de relaxation

        4) la position de son corps

        Si l'on tient compte du fait que la densité de l'eau est égale à 1, on peut
        facilement dire que si la masse d'une personne est faible, elle flottera et
        inversement si sa masse est grande. Ainsi, une personne mésomorphe flottera
        moins bien qu'une personne endomorphe et ce, dû au fait que la graisse est
        moins lourde que les muscles.

        Au stade 1 (refus du déséquilibre), il s'avère TRÈS difficile pour le
        nageur de quitter les pieds du fond de la piscine, car ,le cas échéant, il
        n'a plus aucun repère kinesthésique sur lequel se baser pour construire un
        nouveau mouvement. Lorsque le nageur quitte le sol, se sera pour un courte
        durée. «S'il se trouve dans la partie profonde, il utilise les membres
        supérieurs pour s'agripper à la paroi de la piscine, afin de garder le
        contact avec le monde solide. En même temps, les pieds cherchent à se poser
        contre la paroi verticale de la piscine à la recherche d'appuis solides»
        (Tiré  d'un article écrit par Madame Sylvie Bouchard (éducatrice
        physique):«Fondement des activités physiques et adaptation au milieu
        aquatique»)
         
         

         
        À cet effet, je vous suggère une petite expérience qui peut, dans certains
        cas, s'avérer positive : Comme l'individu est habitué à recevoir de
        l'information de son environnement externe par l'intermédiaire de ses
        pieds, posez tout simplement votre main sur la plante d'un de ses deux
        pieds et demandez lui de pousser contre vos mains... En principes, ceci
        devrait être efficace, car vos mains deviennent un repère kinesthésique...
         
         

        L'équilibre du nageur est également assuré par la position de sa tête dans
        l'eau. En effet, «le rôle de la tête est primordiale car elle comprend à
        elle seule, les deux principaux centres d'informations: l'appareil
        «vestibulaire» (oreille interne) et le centre visuel...» (Bonnet, J-P, Vers
        une pédagogie de l'acte moteur, 2e édition, Paris, 1993, P.45)

        Au stade 2 (équilibration a posteriori), le nageur commence à accepter la
        position horizontale de son corps sans toute fois l'accepter pleinement.
        Ici, le nageur aura souvent recours à des gestes rééquilibrateurs comme ,
        par exemple : lorsque le nageur utilise le dos crawlé pour se déplacer, il
        n'est pas rare de voir un mouvement de godille effectué par le bras alors
        que l'autre effectue un recouvrement. Toujours au dos crawlé, remarquez la
        position des jambes du nageur lorsqu'il effectue ces recouvrements. Elles
        (les jambes) auront souvent tendance à pointer vers le fond.
         

        Maintenez votre tête !

        Vous pourriez également faire les mêmes observations au crawl. Comme
        mentionné plus haut, la tête a un rôle important à jouer dans le maintien
        de l'équilibre (pas seulement chez le nageur...) et  vous pourrez donc
        observer ce qui se passe lorsque le nageur doit retourner sa tête sur le
        côté  pour respirer. Plus souvent qu'autrement, la tête se redressera vers
        l'avant ce qui entraînera un affaissement du tronc et, par ricochet, des
        jambes. La respiration devient un nouvel obstacle que le jeune doit
        franchir. « Ce stade (rééquilibration a posteriori), où le sportif
        n'anticipe pas les déséquilibres qu'engendre l'action, se caractérise par
        le fait qu'une partie du corps est dans l'action, et  qu'une autre partie
        doit assurer les rééquilibrations (réflexe de compensation)»
        (Bonnet, J-P, Vers une pédagogie de l'acte moteur, 2e édition, Paris, 1993,
        P.50)

        Au stade 3 (équilibration anticipée), le nageur prévoit les déséquilibres
        et s'organise en fonction de s'équilibrer à nouveau. Comme Bonnet le
        mentionne:« il se place en général dans un déséquilibre inverse afin
        d'annihiler les effets du déséquilibre futur» (Bonnet, J-P, Vers une
        pédagogie de l'acte moteur, 2e édition, Paris, 1993, P.51). À ce stade, le
        nageur est en mesure d'anticiper les actions et de les coordonnées les unes
        aux autres dans un mouvement fluide. Ces actions sont, dorénavant, vraiment
        différentes de celles qu'il exécute sur la terre ferme. À titre d'exemple,
        vous avez simplement à remarquer la position de son corps qui tend de plus
        en plus vers l'horizontalité et le maintien de celle-ci. On peut alors dire
        qu'il a ACCEPTÉ de flotter.
         
         

        4- Coordination: Ce stade fait référence à la capacité qu'a le nageur
        d'exécuter ou non plusieurs actions simultanément. Selon moi, les deux
        styles de nage qui demandent beaucoup de coordination de la part du nageur
        sont la brasse et le papillon. Contrairement au crawl et au dos crawlé où
        le mouvement des jambes doit être continu, la brasse et le papillon
        exigent, du nageur , que le mouvement des jambes soit coordonné à celui des
        bras sans quoi, le style n'est pas aussi efficace qu'il devrait l'être.

        Bonnet parle de 1) stade de juxtaposition des actions  et 2) stade de
        coordination des actions. Par juxtaposition, il faut entendre une
        succession d'actions corporelles marquée par une pause entre l'exécution de
        chacune d'elles. Au stade du non-nageur, toutes les actions qu'il exécutera
        pour accomplir telle ou telle tâche seront indépendantes les unes des
        autres. À cet effet, Sylvie Bouchard nous dit:«...le corps tout entier
        s'engage dans l'action...les membres inférieurs auront tendance à faire des
        mouvements très rapides de pédalage...» (réf:«Fondement des activités
        physiques et adaptation au milieu aquatique»)

        Le nageur débutant sera également dans l'impossibilité d'exécuter deux
        actions en même temps. L'une prenant plus d'attention que l'autre. Il en
        résulte une grande quantité d'énergie dépensée pour un minimum de
        résultats. En crawl, par exemple, sa cadence sera souvent  bouleversée par
        la respiration; le nageur ayant à penser à tourner sa tête, continuer ses
        recouvrements avec ses bras et le battement continue de ses jambes.
         

        Ce stade de juxtaposition des actions corporelles peut être représentée
        comme suit:

                  AC    .....       AC     .....    AC     ........etc.....

        Pour Bonnet, le stade de juxtaposition des actions est marqué par un «temps
        d'arrêt ou un ralentissement entre les actions »  (Bonnet, J-P, Vers une
        pédagogie de l'acte moteur, 2e édition, Paris, 1993, P.58)

        Pour ce qui est du nageur intermédiaire, nous pouvons remarquer un
        rapprochement des actions entre elles. À cette étape, on ne peut pas encore
        parler de coordination des actions.
         On assiste à un «raccourcissement du temps d'arrêt ou ralentissement moins
        net»   (Bonnet, J-P, Vers une pédagogie de l'acte moteur, 2e édition,
        Paris, 1993, P.58)

        Enfin, le nageur confirmé enchaîne ses actions les unes aux autres sans
        qu'il y ait de temps morts. Ici, nous pouvons véritablement parler de
        coordinations multiples et complexes des actions.
         

        Nager : un enrichissement sensoriel extraordinaire

        Comme vous pouvez le remarquer, l'apprentissage de la natation n'est pas
        une simple affaire. C'est la personne dans son ensemble que l'on doit
        considérer afin de la faire progresser. «L'activité aquatique se doit
        d'être une expérience d'enrichissement sensoriel pouvant aider au
        développement de l'enfant» (Boisvert et Gomez, 1979 in  Chevalier-Girard,
        Nicole, La préparation de l'enfant vers son indépendance aquatique:
        Fonction du développement sensori-moteur). Il faut s'assurer ,en tant
        qu'intervenant, de respecter le développement moteur et cognitif de
        l'enfant sans quoi, c'est sa réussite que l'on met en péril. Toujours dans
        l'optique de maximiser les chances de réussite de l'élève, la relation qui
        s'établit entre lui et son maître doit être bi-directionnelle. Je me suis
        principalement attardé à l'apprentissage de la natation
        en fonction de différents stades de développement élaborés par un auteur
        (Jean-Pierre Bonnet). Évidemment, tout ceci n'est qu'une manière
        d'envisager les choses...
         
         

        Avant même de pouvoir envisager la possibilité de faire nager une personne 
        (peu importe son âge), il importe , tout d'abord de développer l'aisance 
        dans l'eau. C'est ainsi que la Croix -Rouge canadienne décrit la 
        progression qui mènera l'individu à être plus à l'aise dans l'eau: 

          1 - Orientation en eau peu profonde 
          
          2 - Immersion 
          
          3 - Flottaison sur le ventre 
          
          4 - Glissade avant / coup de pied 
          
          5 - Flottaison sur le dos 
          
          6 - Glissade arrière / coup de pied 
          
          7 - Godille 
          
          8 - Glissade sur le côté 
          
           9- Orientation en eau profonde 
          
        (réf: Services de sécurité aquatique de la Croix-Rouge canadienne- Guide du moniteur P 83) 
         

         
        (Source:  Louis Laplante)